L’Inde attire chaque année des milliers d’entrepreneurs internationaux désireux de développer leurs activités industrielles sur ce marché en pleine expansion.

Le gouvernement indien a mis en place un système administratif spécifique pour encadrer ces projets d’envergure : l’Industrial Entrepreneurs Memorandum.

Cette procédure dématérialisée remplace progressivement les anciennes autorisations industrielles dans une logique de simplification administrative.

Marc, entrepreneur français, découvre comme beaucoup d’autres investisseurs étrangers que cette formalité représente un passage obligé pour concrétiser son projet manufacturier en Inde.

Définition et cadre réglementaire de l’Industrial Entrepreneurs Memorandum

L’Industrial Entrepreneurs Memorandum constitue une déclaration d’intention encadrée par le Department for Promotion of Industry and Internal Trade (DPIIT). Cette formalité administrative s’impose à toute entreprise souhaitant développer une activité industrielle en Inde, dès lors qu’elle dépasse les seuils réglementaires fixés.

Nature juridique et objectifs du dispositif

Le système IEM fonctionne comme une notification officielle permettant aux autorités indiennes de recenser et contrôler les projets industriels sur leur territoire. Cette démarche s’applique exclusivement aux secteurs d’activité non soumis à licence préalable, ce qui représente la majorité des activités manufacturières.

L’accusé de réception de l’IEM, délivré en ligne sur la base d’une preuve prima facie de non-assujettissement aux dispositions de licence, ne peut être interprété comme une autorisation d’exercer une activité industrielle. Les entreprises doivent respecter toutes les dispositions des lois, règlements et notifications émises par le gouvernement central ou les gouvernements des États.

Évolution réglementaire et modernisation

La loi de 1951 sur le développement et la réglementation des industries (D&R) constitue le fondement juridique de ce dispositif. Le système IEM remplace progressivement les anciennes procédures d’autorisation industrielle, dans une logique de simplification administrative.

La digitalisation complète de la procédure via le portail G2B (Government to Business) permet un traitement rapide et transparent des dossiers. La note de presse publiée le 30 mars 2021 par PIB concernant la mise à niveau du processus sans papier pour l’octroi d’IEM témoigne de cette modernisation continue.

Critères d’éligibilité et seuils d’investissement requis

Les critères d’éligibilité à l’IEM reposent sur des seuils financiers précis que le gouvernement indien révise périodiquement. Ces montants déterminent l’obligation de déposer une déclaration pour les projets industriels d’envergure significative.

Seuils d’investissement et de chiffre d’affaires

Tout projet industriel nécessitant un investissement supérieur ou égal à 50 crores INR (environ 5,5 millions d’euros) doit obligatoirement déposer un IEM. Ce seuil sera relevé à 125 crores INR à partir d’avril 2025.

Les entreprises générant un chiffre d’affaires annuel de 250 crores INR ou plus entrent également dans le champ d’application. Ce montant passera à 500 crores INR après mars 2025, traduisant une volonté gouvernementale de cibler les projets d’envergure significative.

PériodeSeuil d’investissement (crores INR)Seuil de chiffre d’affaires (crores INR)
Jusqu’à mars 202550250
À partir d’avril 2025125500

Types d’entreprises concernées

L’IEM concerne trois types de situations industrielles distinctes : la création d’une nouvelle unité de production, l’extension d’installations existantes, ou l’ajout de nouveaux articles manufacturés à la gamme existante. Cette flexibilité permet d’accompagner toutes les phases de développement entrepreneurial.

Les entreprises étrangères représentent une part importante des déposants IEM. Les joint-ventures, filiales et succursales établies en Inde doivent respecter ces mêmes obligations, indépendamment de leur structure juridique d’origine.

Secteurs exclus du dispositif

Certains secteurs stratégiques demeurent exclus du dispositif IEM et nécessitent des autorisations spécifiques. Les activités liées à la défense nationale, à la production d’explosifs et aux matières radioactives relèvent d’un régime d’autorisation préalable strict.

Les fabricants d’explosifs industriels et de produits chimiques dangereux doivent toujours obtenir des licences industrielles en vertu de la loi sur le développement et la réglementation des industries. L’industrie alimentaire et les boissons alcoolisées font également l’objet de réglementations différenciées selon les États fédérés.

Procédure de dépôt en ligne via le portail G2B

La procédure IEM se décompose en deux phases distinctes que les entrepreneurs doivent suivre méthodiquement. Cette approche séquentielle permet un suivi précis des projets industriels depuis leur conception jusqu’à leur mise en production effective.

Partie A – Déclaration d’intention

La Partie A constitue la déclaration d’intention, à soumettre avant le démarrage du projet industriel. Cette première étape s’effectue exclusivement en ligne via le portail DPIIT.

L’entrepreneur doit renseigner sa dénomination sociale, l’emplacement précis de l’unité industrielle, le secteur d’activité concerné et les montants d’investissement prévus. La classification NIC (National Industrial Classification) doit être sélectionnée avec précision car elle détermine le cadre réglementaire applicable.

Traitement et validation des dossiers

Toutes les demandes en ligne déposées via le portail sont examinées dans la “Section IEM” pour vérification relative au certificat de constitution, au mémorandum d’article, aux statuts, aux données principales, au PAN et aux codes liés au NIC. Une fois ces éléments vérifiés et jugés corrects, le Département délivre électroniquement l’IEM Ack. au demandeur.

L’accusé de réception électronique parvient généralement sous 48 heures si le dossier est complet et conforme. Ce délai rapide témoigne de l’efficacité du système dématérialisé mis en place par les autorités indiennes.

Partie B – Déclaration de début de production

La Partie B intervient après démarrage effectif de la production industrielle. Cette déclaration confirme officiellement le lancement de l’activité et alimente les statistiques nationales de production.

Toutes les entreprises industrielles ayant déposé un IEM sont tenues de déclarer le début de la production commerciale. Une copie de l’accusé de réception de l’IEM correspondant doit être jointe au dépôt de ces informations sur le portail.

Documents obligatoires et coûts de la démarche

La constitution du dossier IEM nécessite plusieurs documents officiels que les entrepreneurs doivent rassembler avec soin. La préparation minutieuse de ces pièces justificatives détermine largement la rapidité de traitement du dossier.

Pièces justificatives requises

Le certificat d’incorporation constitue la pièce maîtresse, prouvant l’existence légale de l’entité en Inde. Les statuts actualisés de l’entreprise doivent refléter fidèlement l’objet social et le capital.

Les documents essentiels comprennent :

  • Certificat d’incorporation délivré par le Registrar of Companies
  • Statuts mis à jour (moins de 6 mois)
  • Numéro PAN (Permanent Account Number) fiscal indien
  • Description circonstanciée de l’unité industrielle concernée
  • Codes NIC associés à l’activité

Structure tarifaire et coûts directs

Les coûts directs de l’IEM restent particulièrement modérés comparativement aux standards occidentaux. La Partie A nécessite un paiement de 1 000 INR (environ 11 euros), tandis que la Partie B est entièrement gratuite.

Ces tarifs n’ont pas évolué depuis plusieurs années, traduisant une volonté politique de faciliter l’entrepreneuriat. Le règlement s’effectue directement en ligne par carte bancaire ou virement électronique lors de la soumission du dossier.

Erreurs fréquentes et coûts indirects

Les coûts indirects peuvent s’avérer plus significatifs en cas d’erreurs dans la constitution du dossier. Un rejet nécessite souvent de recommencer entièrement la procédure, générant des délais supplémentaires préjudiciables au calendrier industriel.

Les erreurs les plus fréquentes concernent la classification NIC inappropriée ou incomplète. Les justificatifs manquants ou non conformes représentent la deuxième cause de rejet, d’où l’importance de scanner tous les documents au format PDF haute définition.

Accompagnement professionnel et conseils pratiques

L’accompagnement par des professionnels spécialisés peut considérablement faciliter la démarche IEM, particulièrement pour les entrepreneurs étrangers peu familiers du système administratif indien. Cette expertise externe permet d’éviter les écueils les plus courants et d’optimiser les délais de traitement.

Avantages de l’expertise professionnelle

Les cabinets spécialisés en réglementation indienne maîtrisent parfaitement les subtilités du système IEM. Leur intervention permet d’éviter les erreurs de classification NIC, de s’assurer de la conformité des documents et de bénéficier d’un suivi personnalisé du dossier.

Ces prestations coûtent généralement entre 25 000 et 75 000 INR selon la complexité du projet, mais évitent souvent des erreurs coûteuses en temps et crédibilité. L’investissement se justifie particulièrement pour les projets d’envergure ou les secteurs réglementés.

Modifications et adaptations possibles

La plateforme DPIIT permet d’apporter des modifications au dossier tout au long de l’avancement du projet. Les IEM déposés sous le nouveau formulaire, entré en vigueur le 1er juillet 1998, peuvent être modifiés conformément à la demande des entrepreneurs.

Ces modifications sont soumises aux conditions générales énoncées dans la note de presse n° 17 (série 1997) du 27 novembre 1997. Aucune modification n’est apportée aux IEM déposés avant le 30 juin 1998, sauf erreur administrative.

Bénéfices stratégiques pour les investisseurs

Le dépôt d’IEM procure une reconnaissance officielle immédiate du projet industriel auprès des autorités indiennes. Cette légitimité administrative facilite considérablement les démarches ultérieures, notamment pour l’obtention de financements bancaires ou d’aides publiques.

Les entreprises titulaires d’un IEM bénéficient souvent d’un traitement prioritaire pour leurs demandes de permis, licences environnementales et autorisations sectorielles. La crédibilité renforcée constitue un atout majeur dans les relations avec les partenaires commerciaux et investisseurs locaux.