Dans les couloirs de la Communauté d’agglomération du Centre de la Martinique, certains visages marquent plus que d’autres l’histoire d’une institution.
Marcelle Poirriez incarnait cette figure discrète mais indispensable qui fait battre le cœur d’une collectivité territoriale.
Sa disparition brutale à l’âge de 52 ans, le 23 août 2024, révèle l’ampleur de son influence sur cette intercommunalité qui rassemble Fort-de-France, Schœlcher, Saint-Joseph et Le Lamentin.
Son empreinte dépasse largement le cadre administratif pour toucher l’âme même de cette structure qui dessert près de 150 000 habitants martiniquais.
Parcours professionnel et rôle au sein de la CACEM
Marcelle Poirriez évoluait depuis plusieurs années au cœur des services de la CACEM, cette intercommunalité stratégique qui gère les fonctions vitales de quatre communes centrales de la Martinique. Son parcours professionnel témoigne d’un engagement constant au service de l’intérêt général. Elle maîtrisait parfaitement les rouages complexes de cette structure qui coordonne des domaines aussi variés que les transports en commun, l’eau potable, l’assainissement et la gestion des déchets.
Une expertise reconnue dans l’administration territoriale
Son rôle s’étendait bien au-delà des missions traditionnelles d’un agent territorial. Marcelle Poirriez accompagnait les élus dans leurs démarches, soutenait les projets intercommunaux et facilitait les échanges entre les différents services. Sa connaissance approfondie du territoire martiniquais et de ses enjeux faisait d’elle une référence incontournable pour ses collègues.
Elle participait activement à l’organisation des conseils communautaires et veillait au bon déroulement des procédures administratives. Cette expertise technique, acquise au fil des années, lui permettait d’anticiper les difficultés et de proposer des solutions pragmatiques aux défis rencontrés par la collectivité.

Un engagement multifacette au service du territoire
La polyvalence caractérisait l’approche professionnelle de Marcelle Poirriez. Elle intervenait aussi bien dans l’administration interne que dans l’accompagnement de projets structurants pour le territoire. Son implication dans la commission culture témoignait de sa vision globale du développement territorial, où les aspects culturels occupent une place centrale dans l’identité martiniquaise.
Cette diversité de missions reflétait sa capacité à s’adapter aux besoins évolutifs de la CACEM. Elle savait passer d’un dossier technique complexe à l’accueil d’un stagiaire perdu dans les couloirs, toujours avec la même bienveillance et la même efficacité.
Leadership discret et relations humaines exceptionnelles
Le style de management de Marcelle Poirriez reposait sur une approche profondément humaine qui transcendait les hiérarchies traditionnelles. Elle incarnait cette forme rare de leadership qui s’impose naturellement, sans titre ronflant ni démonstration d’autorité. Sa simple présence suffisait à apaiser les tensions et à remettre les situations en perspective.
Une autorité naturelle fondée sur le respect mutuel
Les témoignages de ses collègues convergent tous vers la même observation : Marcelle Poirriez possédait cette capacité exceptionnelle à dire non sans blesser et oui sans fausse promesse. Cette authenticité dans les relations professionnelles créait un climat de confiance qui facilitait grandement le travail collaboratif au sein de la CACEM.
Un élu de Fort-de-France la décrivait comme un “garde-fou souriant”, celle qui rappelait les échéances et les obligations sans jamais humilier ou rabaisser ses interlocuteurs. Cette approche respectueuse mais ferme permettait de maintenir l’exigence tout en préservant la dignité de chacun.
Des relations interpersonnelles marquantes
Son influence se manifestait dans les petits gestes du quotidien qui créent une atmosphère de travail sereine. Les “petits conseils du matin à la cafétéria” sont restés gravés dans la mémoire de ses collègues. Ces moments informels, où elle arrivait tôt avec sa tasse à la main, contribuaient à créer une cohésion d’équipe authentique.
Cette dimension relationnelle exceptionnelle se traduisait par une écoute sincère des préoccupations de chacun. Qu’il s’agisse d’un agent en difficulté ou d’un élu stressé avant un conseil communautaire, elle savait trouver les mots justes pour rassurer et accompagner.
Contributions concrètes aux missions intercommunales
L’impact de Marcelle Poirriez sur le fonctionnement opérationnel de la CACEM se mesure à travers ses contributions directes aux grandes missions de cette intercommunalité. Son approche pragmatique et sa vision d’ensemble ont permis d’améliorer significativement l’efficacité des services rendus aux 150 000 habitants du territoire.
Optimisation de la gestion des déchets et de l’économie circulaire
Son implication dans l’organisation des réunions de coordination sur la politique de gestion des déchets a contribué aux excellents résultats obtenus par la CACEM. La plateforme de tri du Lamentin a ainsi valorisé plus de 12 000 tonnes de déchets en 2023, réduisant d’environ 30 % la part des déchets enfouis par rapport à 2020.
Cette amélioration spectaculaire résulte en partie de la capacité de Marcelle Poirriez à fluidifier les rapports entre les différents acteurs : services techniques, élus, entreprises partenaires et usagers. Son rôle de facilitatrice permettait de dépasser les blocages administratifs pour se concentrer sur l’efficacité opérationnelle.
Amélioration des communications internes et de la coordination
La modernisation des outils de communication interne de la CACEM porte également sa marque. Elle participait activement à la mise en page de notes claires, à la gestion de l’agenda des élus et au suivi de projets sans éclats mais avec une efficacité remarquable. Cette attention portée aux détails facilitait grandement le travail quotidien de l’ensemble des services.
Son approche méthodique permettait d’éviter les malentendus et les retards qui peuvent paralyser une administration. Les procédures qu’elle contribuait à mettre en place garantissaient une meilleure circulation de l’information et une prise de décision plus rapide.
Domaine d’intervention | Impact mesurable | Période |
---|---|---|
Gestion des déchets | 12 000 tonnes valorisées | 2023 |
Réduction enfouissement | -30% par rapport à 2020 | 2020-2023 |
Projets associatifs soutenus | 14 projets financés | 2022 |
Budget associatif | 280 000 euros | 2022 |
Impact sur la culture et la valorisation du patrimoine martiniquais
L’engagement de Marcelle Poirriez dans la préservation et la promotion de la culture martiniquaise constituait l’une des facettes les plus méconnues mais les plus significatives de son action au sein de la CACEM. Dans une île où la musique fait vibrer les murs comme les âmes, elle défendait avec ardeur la place de la culture locale dans les projets communautaires.

Promotion des musiques martiniquaises
Son travail au sein de la commission culture de la CACEM visait particulièrement la mise en lumière des musiques martiniquaises. Cette dimension culturelle lui tenait profondément à cœur, même si peu de personnes connaissaient l’ampleur de son engagement dans ce domaine. Elle veillait à ce que les initiatives culturelles soient portées avec sérieux et valorisées auprès du grand public.
Son approche intégrait la culture dans une vision d’ensemble respectueuse des identités locales. Cette sensibilité particulière permettait de donner une âme aux projets techniques et administratifs de l’intercommunalité, créant ainsi un lien authentique avec les habitants du territoire.
Intégration culturelle dans les politiques publiques
L’action de Marcelle Poirriez se caractérisait par sa capacité à faire le pont entre les grands enjeux de territoire et les spécificités culturelles martiniquaises. Elle incarnait ce lien subtil mais indispensable entre les politiques publiques et l’identité locale, garantissant que les projets de la CACEM résonnent avec les attentes et les valeurs des populations.
Cette approche culturelle transversale enrichissait l’ensemble des missions intercommunales. Qu’il s’agisse d’aménagement urbain, de politique environnementale ou de développement économique, elle savait intégrer la dimension patrimoniale et identitaire qui donne du sens aux actions publiques.
Héritage durable et reconnaissance posthume
La disparition brutale de Marcelle Poirriez le 23 août 2024 a révélé l’ampleur de son influence sur la CACEM et ses agents. Les obsèques du 30 septembre 2024 ont rassemblé une centaine de collègues, élus et anciens collaborateurs, témoignant de l’impact profond qu’elle avait eu sur son environnement professionnel.
Une émotion collective révélatrice
L’atmosphère inhabituellement silencieuse qui régnait dans les locaux de la CACEM le jour de ses obsèques en disait long sur la place qu’elle occupait dans le cœur de l’institution. La sincérité des regards, la retenue des larmes et les étreintes prolongées dans le hall d’entrée témoignaient d’une perte qui dépassait largement le cadre professionnel.
Une minute de silence observée lors du conseil communautaire suivant sa disparition a marqué la reconnaissance officielle de son apport exceptionnel. Même les élus les plus réservés ont pris la parole pour saluer sa mémoire, soulignant combien sa présence comptait dans le fonctionnement quotidien de l’intercommunalité.
Projets de mémorialisation et d’hommage
Plusieurs initiatives émergent pour perpétuer la mémoire de Marcelle Poirriez au sein de la CACEM. Les projets incluent notamment :
- La création d’un prix interne portant son nom pour récompenser un agent ayant fait preuve de solidarité ou d’initiative
- L’attribution de son nom à une salle de réunion ou un espace de détente
- La mise en place d’un programme de mentorat inspiré de son approche relationnelle
- L’organisation d’une journée annuelle dédiée aux valeurs qu’elle incarnait
Un modèle de service public humaniste
Au-delà des hommages symboliques, Marcelle Poirriez a imprimé dans les esprits une façon d’être qui continue d’inspirer ses anciens collègues. Elle a démontré qu’on peut être respecté sans écraser, compétent sans être arrogant, impliqué sans s’oublier. Son exemple rappelle que le service public reste avant tout une histoire d’humains, de liens et de disponibilité.
Dans les couloirs de la CACEM, lors des réunions tendues ou pendant les petites pauses, ses collègues entendent encore sa voix leur suggérer la bonne approche. Cette présence persistante témoigne de l’impact durable qu’une personnalité exceptionnelle peut avoir sur une institution et ses agents.